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Diane sans voiles

 

I/ La chasse
 
Au milieu des taillis, jeunes enfants des forêts,
La montagne était, de bêtes, ensanglantée.
Actéon et ses pairs chassaient sans arrêt,
Les animaux fuyaient l'arc expérimenté.
 
Mais l'ombre s'éteignait, le demi-jour brûlait
Et le feu de Phoebus crevassait la terre.
Au sommet de la voie, les chevaux hennissaient
Puis ils s'emballèrent vers Gaia leur mère.
 
Alors notre héros, de la race d'Hyas
Héla ses compagnons d'une voix tranquille :
"Approchez mes amis, compagnons de chasse,
Venez donc près de moi, fiers tueurs habiles."
 
Les fourrés bruissèrent ; Actéon poursuivi :
"Nos flèches et nos épieux ruissellent du sang
Des animaux vaincus des désirs assouvis.
Ramassez vos filets ! Arrêtons maintenant !"
 
Les ordres du héros furent vite exécutés.
On détacha enfin les filets aux milles noeuds.
Et les chevreuils, les cerfs, les daims, les sangliers,
Purent vivre une vie plus conforme à leurs voeux.
 
II/ Diane

 
Les pins et les cyprès recouvrent une vallée ;
A Diane consacrée, déesse court-vêtue.
Au milieu ombragé de l'antre forestier
S'étale la beauté de frondaisons vêtue.
 
De la pierre ponce et du tuf allégé,
Nature avait crée d'artistiques voûtes.
Une source coule, minuscule Egée,
En un profond bassin qui l'âme envoûte.
 
Diane chasseresse, de son corps virginal,
Baignait ses fatigues de cette eau limpide.
Son javelot, son arc, d'un geste machinal,
Echurent aux nymphes, en leurs bras candides.
 
Puis glissa la robe de sa douce blancheur,
Et Crocalé, de tresses, noua ses cheveux.
Les nymphes puisèrent de l'ondée la fraîcheur
Les urnes versèrent leurs longs filets mielleux
 
Cependant Actéon, petit fils de Cadmus,
Avait pour quelques temps, son travail délaissé.
Il errait, incertain et piétinait l'humus,
Quand soudain il parvint au bassin encaissé.
 
III/ Sans voiles

 
Dès qu'il eut pénétré l'antre ruisselante,
Il vit la nudité des nymphes apeurées.
Alors des cris perçants, de gorges hurlantes,
Envahirent les bois où ils furent égarés.
 
Diane fut protégée par un rempart de corps,
Mais haute est sa taille, sa tête surplombe.
Et ses joues d'ivoire deviennent le support
De la pourpre couleur d'un soleil qui tombe.
 

1999


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VERHILLE Arnaud 2001-09-20